La construction navale du XVIe siècle au XVIIIe siècle dans l’estuaire de la Loire

Du XVIe siècle au XVIIIe siècle, la construction navale est en plein essor. Du Canada aux Indes, des Antilles au Sénégal, en Guadeloupe, en Martinique, en Louisiane, le Royaume s’étend. Colbert développe les colonies et en crée de nouvelles. Il encourage les gens à s’y installer. Ainsi le pouvoir du roi s’étend au-delà des mers. Les colonies jouent un rôle économique. Elles permettent d’importer des produits exotiques.

Au XVIe siècle la production nantaise se limite à la construction de galères, de gabares, de chasse-marée. Puis au XVIIIe siècle, les constructeurs nantais livrent des brigantins, des bricks, des goélettes, des frégates et des corvettes.

Les premiers chantiers de construction navale se situent à Nantes, mais la ville prend de l’ampleur et se modernise. Les chantiers sont déplacés à Chantenay. En aval, d’autres chantiers sont en essor, Indret, Basse-Indre, Paimboeuf, Trentemoult, Couéron, Le Pellein, Bourgneuf, Pornic, et l’ensemble Méan, Montoir et Donges.

Au XVIIIe siècle les chantiers voient leur surface augmenter considérablement. La construction navale nantaise est prééminente en France. Les artisans traditionnels laissent progressivement la place aux grands chantiers du XIXe siècle.

La Gazelle plan type

Les chantiers navals du Brivet

Il y a eu, en Basse-Loire,  de nombreux chantiers de dimension modeste et dont la durée fut éphémère. Le plus connu fut créé par Joachim Loumeau à la fin du XVIIIe siècle.

Joachim Loumeau débuta comme matelot sur les navires négriers de Nantes. Il devint capitaine de navire. Il eut deux fils dont l’un reprit la direction du chantier et lança son premier navire, un chasse-marée, puis un deuxième navire, un brick négrier, le « Prophète-Elie ». Sa fille épousa Emile-Fidel Ollivaud qui prit la suite des chantiers Loumeau. Pendant trente ans il construisit plus de quatre vingt  navires en bois et à voiles.

Les chantiers Ollivaud arrêtèrent leur activité en 1882.

 

Les bricks négriers

Ces bricks étaient appelés par les marins « rois de la mer ».  Ils étaient employés pour le commerce triangulaire avec l’Afrique, les Antilles, le Brésil. Le Portugal, la Hollande, l’Angleterre et la France pratiquaient ce commerce. En France, c’est Nantes qui fut le premier port négrier ce qui justifie en grande partie l’essor des chantiers de la construction navale au XVIIIe siècle.

Les armateurs nantais faisaient charger, par leurs capitaines négriers, des produits souvent régionaux qui étaient troqués en Afrique contre des Noirs. Ceux-ci étaient entassés dans les cales de 1,20m de hauteur, rangés comme des cuillers, s’emboîtant l’un dans l’autre. Puis, c’était la redoutable traversée de l’océan Atlantique jusqu’aux Antilles où les malheureux étaient revendus comme esclaves dans les plantations. Le navire pouvait alors ramener des produits exotiques dont la canne à sucre. Sans ce trafic le sucre aurait coûté trop cher!

 Jusqu’à l’interdiction de l’esclavage, en 1815, les bricks négriers étaient des navires de commerce ordinaires, qui avaient été aménagés pour ce trafic. Puis, après l’abolition, le commerce continua clandestinement. Des navires de commerce, affrétés, partaient de Nantes, puis à Paimboeuf  la nuit, ils embarquaient des charpentiers pour aménager le navire durant le voyage vers la Guinée. Ces navires étaient rapides et maniables ce qui réduisait considérablement la durée des traversées.

 

L'esclavage est abominable. C'est au siècle des Lumières que des philosophes commencent à s'interroger. Montesquieu  écrit dans « L’esprit des lois » livre VII : « Comme tous les hommes naissent égaux, il faut dire que l’esclavage est contre nature » mais il reconnaît aussi que le commerce avec les colonies est profitable à la métropole.